Hello First name / friend,

 

J’espère que tu vas bien avec ce beau soleil qui revient nous réchauffer les cœurs ! ☀️😎

Je t’avais promis la dernière fois que cette nouvelle lettre serait différente des deux précédentes. Je ne sais pas si elle sera plus joyeuse mais elle sera en tout cas plus personnelle puisque je ne parlerai pas boulot.

 

Ça fait un petit moment que cette discussion me trotte dans la tête, et étonnamment, les résultats de ce premier tour présidentiel en est l’élément déclencheur.

Ahahah !  non,  je te rassure, je ne vais pas parler de politique ! 😅 Mais d’une folie bien plus poétique, j’ai nommé : la Mélancolie. 

 

 

Dans un excès de nostalgie, je me suis replongée il y a quelques semaines dans mes cours d’Esthétique (qu’on peut aussi appeler Philosophie de l’Art, ma matière préférée lors de mon mini passage à la fac) et suis retombée sur ce mot. Mélancolie. Ça a résonné en moi comme une évidence (encore une révélation, oui je sais… ! 😏) et j’ai eu l’impression de mettre plein de pièces de ce puzzle qu’est ma personnalité en place. 

J’adore ces moments où rien n’a changé mais pourtant tout est différent, pas toi ? Comme quand tu mets des lunettes et que t'y vois enfin clair. (Ça me fait penser d’ailleurs à cette phrase d’un bouquin pour enfant que j’adore : Le Petit Gibert illustré. Un recueil de définitions toutes plus loufoques les unes que les autres. Exemple : 

Lunettes n. f. : Ceux qui portent des lunettes peuvent aussi décider de voir flou. Les autres, non. 

- Fermeture de la parenthèse).

 

 

Je suis de celleux qui trouvent la philosophie passionnante ; qui adorent le fait qu’il n’y ait jamais de bonne réponse ; qui sont amoureux.ses de Baudelaire et inspiré.es par son Spleen ; qui ne supportent pas les banalités mais au contraire ont besoin d’être confronté.es à d’autres points de vue, d’autres cultures, d’autres histoires pour se construire.

Je fais partie de celleux attiré.es par les vauriens, les torturé.es, les exclu.es, les fauteur.ses de trouble, les marginaux.

Celleux qui aiment être seul.es et rêvent à longueur de journée.

Je suis une enfant de Saturne*. (Et c’est cool !)

 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la Mélancolie n’a pas toujours été synonyme de dépression. 
Dans l’antiquité, elle était même vu comme une “maladie sacrée” (Aristote), un lien entre les Dieux et le monde mortel réservé aux artistes et aux savants  (oui, j’ai lu plein de textes et écouté plusieurs podcasts sur le sujet ^^ 🥸). Da Vinci d’ailleurs, la considère comme un mal nécessaire. La solitude serait la règle d’or à tous créateurs (et pas qu'eux je pense !) Il faudrait, selon lui, passer par la mélancolie, par la solitude pour s’adonner à la méditation, à la rêverie et donc à la création. Au final, est-ce qu'on peut dire que sans ce mal, il ne serait pas possible de vivre bien ?

 

Aujourd’hui, la Mélancolie est reniée. Il n’est pas bon d’être triste, de s’ennuyer, de réfléchir ou encore de ne rien faire. Or, là réside tout l’Art de la contemplation. En plus d’être source d’imagination, l’Ennui, la Mélancolie est une force. C’est se rendre compte de notre fatalité, de notre “insignifiance”, l’accepter et la chérir. Ce n’est pas un sentiment d’infériorité mais de complétion. C’est une noirceur éclairante qui rend plus fort et plus libre. 

 

C’est vivre au présent, pour soi, tout simplement. 

 

 

Il y a quelques années, nous avions écrit avec Simon un petit texte à ma famille à l’occasion de Noël. Nous n’avions pas assez d’argent pour leur offrir quelque chose de tangible et avions donc décidé de leur offrir Rien.

Car "ce n’est pas « rien n’est impossible », mais plutôt RIEN est l’impossible. Alors si nous vous offrons RIEN, c’est que nous vous apportons TOUT.

 

Je crois que ça résume assez bien ma vision de la Mélancolie - lorsque rien (le vide) devient tout (le plein) et que tout devient rien (par la force des choses).

C’est un jeu d’équilibre entre douleur et plaisir, entre fatigue et énergie, vérité et espoir. (L’idée étant de ne pas se perdre dans l’un ni dans l’autre.)

Et quel chouette jeu !

 

Je terminerai cette lettre sur ces deux phrases que j’ai lues hier soir, écrites dans l’Ecclesiaste (livre de l’Ancien Testament datant de trois siècles av. J.-C.) et qui expriment particulièrement mon sentiment aujourd’hui : “J’ai estimé plus heureux que les uns et les autres celui qui n’est pas né encore, et qui n’a point vu les maux qui se font sous le soleil.”

et

“Un enfant pauvre, mais qui est sage, vaut mieux qu’un roi vieux et insensé, qui ne saurait rien prévoir pour l’avenir”

Trois siècle avant Jésus-Christ, sérieux.

2300 ans… et ces vérités sont toujours d’actualité…

Comme quoi, rien n’est nouveau sous le soleil. 

D’ailleurs, Salomon (puisque c'est lui qui écrit le livre) le dit aussi : “On ne se souvient plus de ce qui a précédé ; et de même les choses qui doivent arriver après nous seront oubliées de ceux qui viendront ensuite.”

Tout est dit, je crois ! 

(Putain… Si on m’avait dit qu'un jour je citerai la Bible 😅 je n’y aurais jamais cru 🙈)

 

Loin de moi l’idée de te déprimer avec ces citations (et toutes mes excuses si c’est le cas). J’avais juste envie de te partager cette vision qui me semble éclairante sur la vanité de l'Homme d'hier, d'aujourd'hui et de demain probablement. 

 

Sur ce, je vais suivre les conseils de Ficin et partir adoucir ma mélancolie en pleine nature, au soleil.

J’en ai bien besoin aujourd’hui ! 

 

With foxy love,

 

 

 

 

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