Bonjour,
Comment te sens-tu ?
J'écris ce brouillon mercredi. J'ai trouvé refuge chez une amie alors que chez moi il y a mes deux enfants (ma fille est malade, encore), mon mari (c'est son jour avec les enfants) et mes parents. J'aurais pu travailler au grenier comme d'habitude.
Mais j'ai senti qu'il n'y aurait pas la place.
Je ne parle pas de place physique, il suffirait de dire de me laisser tranquille et de fermer la porte du grenier. Mais entendre les bruits en bas - en me sentant toujours vaguement en éveil - et avoir mes parents qui passent probablement prendre des affaires (ils dorment au grenier)… ça me prend trop de place dans ma bande passante pour avoir l'espace mental pour écrire, penser, échanger autour des émotions.
Et je pense à Virgina Woolf qui dans Une chambre à soi, dit si bien “l'art de la création exige la liberté et la paix".
Pourquoi je te parle de ça aujourd'hui ? Ça peut te paraitre éloigné de l'exploration émotionnelle.
Mais pour être aussi écrivaine, je trouve vraiment que les conditions idéales pour explorer ses émotions, ce sont les mêmes que celles pour créer.
Tu sais, je dis souvent “on n'apprend pas à nager quand on se noie”.
Je l'entends généralement dans le sens : c'est pas en tempête émotionnelle que tu peux apprendre à faire un pas de côté pour accueillir et comprendre tes émotions.
Mais en fait, cela s'applique aussi plus généralement : pour pouvoir avancer avec soi, mieux comprendre ce qui se passe en soi, il faut de l'espace. De l'espace physique, de l'espace mentale, de l'espace temporelle.
Si répondre à ses besoins de survie, c’est déjà compliqué, on ne peut pas faire la place pour une exploration émotionnelle.
Pas non plus, si on a l'impression qu'on ne peut disposer d'une chambre à soi.
Quand je dis “chambre à soi”, c'est pas forcément une pièce qui t'appartient, non. Cette petite lettre est là pour t'interroger sur ton espace qui te permet de penser, d'explorer et pourquoi pas de créer. La pièce que tu peux créer en toi pour ça.
On n'a pas tou-te-s besoin des mêmes conditions.
Je crois que quand tu es une femme, et puis quand tu es une mère, on t'a un peu appris à ne pas trop te poser la question, à accepter avec grâce le fait du reste du monde extérieur qui envahi ton espace intérieur.
Alors c'est quoi les moments, l'environnement, l'état qui te permet de penser à ce qui se passe en toi, à ce que tu ressens, à ce dont tu as besoin, ce dont tu as envie ?
C’est un challenge pour beaucoup d'entre nous, de trouver où et comment avoir ces espaces à soi. Ceux qui permettent d'explorer ce qui vibre en soi.
D'ailleurs, je dis souvent que si je faisais les mêmes ateliers en présentiel, les ¾ de mes participant-e-s n'arriveraient jamais à s'offrir cet espace-là, que je facilite.
C'est aussi avec en tête ce challenge que je gère pour que vous puissiez arriver en retard, partir en avance, faire une pause, être interrompu-e si votre réalité en a besoin.
Je veux proposer les conditions les plus facilitantes pour qu'à petites pas, vous puissiez vous permettre et autoriser cet espace à soi. Même si c'est pas idéal, même si, je sais, c'est ultra frustrant et assez limitant de ne pas en être sûr-e de pouvoir embarquer… (C'est aussi pour ça le paiement libre et conscient après, que tu ne te puisses pas en plus te dire “je n’en ai pas profité à la hauteur de ce que cela m’a coûté”).
Moi, mon espace à moi pour penser, explorer mes émotions, il se matérialise bien dans les temps d’entre deux où je ne suis pas dans la vigilance. Les longs voyages en train par exemple. Une chambre à soi dans ce sens, ce n’est pas forcément chez soi.
Je suis fière d’offrir plus d’accessibilité à des espaces facilitants grâce aux
ateliers en ligne. Et je pense aussi aux groupes
prénatal et
postnatal où j’essaie au maximum de retirer les contraintes qui empêcheraient de s’offrir cet espace dans des périodes où le reste de la vie est intense.
Mais je suis aussi hyper fière d’avoir osé créer la fugue. Aussi, avoir réussi à t’offrir un programme qui intègre des temps vides que tu pourras remplir à ta convenance dans un environnement qui s’y prête. Je m’occupe de la logistique pour te libérer de l’espace mental mais je t’offre aussi la liberté de décider de ce que tu as envie de faire d’une bonne partie de ton temps.
Alors, je sais pas si peux t’autoriser à partir en Bourgogne un weekend cet automne. Je ne sais même pas si mes ateliers en ligne sont compatibles avec tes impératifs.
Mais dans tous les cas, je sais que c’est intéressant de t’interroger sur l’espace que tu as pour explorer en toi, pour tes émotions. Quelles sont tes conditions d'un espace à toi ? Qu'est-il possible aujourd'hui dans ta vie ?
N’hésite pas à me le raconter en réponse de cette lettre : l’écriture intuitive - écrire comme ça vient à partir d’une question simple - c’est un bon moyen de se créer une petite chambre à soi pour explorer ses émotions au milieu du quotidien (ben oui, c'est un des outils magiques sur lequel j'ai fondé l'exploration émotionnelle)
Avec amour et bienveillance,
