Bonjour First name
Comment vas-tu cette semaine ?
Aujourd’hui, j’ai envie de te parler (à nouveau, c’est un thème qui m’est cher) de l’égoïsme.
Je disais la semaine dernière, un de mes freins à arrêter de vendre le
programme « se lancer ? » c’était « oui, mais ça peut aider d’autres personnes ! ». Et en mode procureur de la république de mon jugement intérieur qui parle, ça donne : « c’est égoïste de l’arrêter simplement parce que ça te soule de le vendre et d’après ne pas avoir particulièrement d’échange »
Aaaaah cette belle opposition entre égoïsme et altruisme qui fait de nous de bonnes ou de mauvaises personnes.
J’ai vite fait demandé à Google les définitions :
Égoïsme : « Attachement excessif à soi-même qui fait que l'on recherche exclusivement son plaisir et son intérêt personnels »
Altruïsme : « Disposition à s'intéresser et à se dévouer à autrui »
Tu sais ce que moi je crois ?
Qu’on a tou-te-s par nature un attachement primaire à soi-même et à rechercher son plaisir et son intérêt personnel. Mais aussi, qu’on a tou-te-s une disposition à s’intéresser à autrui. (Je ne reprends pas le mot « se dévouer » parce qu’il semble y avoir forcément une aspect sacrificiel là-dedans).
Penser à son plaisir est normal. Mais on est aussi plutôt enclin à ressentir du plaisir de se soucier des autres. En général, si on essaie de faire du bien aux autres, c’est pour soi, parce que ça nous fait du bien (le plaisir de faire plaisir, le plaisir de faire ce que l’on considère comme bien) ou parce qu'on a peur des conséquences de ne pas le faire / on voit ce que ça peut nous apporter de le faire.
D'ailleurs, j’ai demandé la semaine
sur Instagram, pourquoi parfois c’est difficile de dire non et on m'a beaucoup répondu « peur du conflit », « peur du rejet », « peur des conséquences ».
Donc oui, on fait toujours pour soi au fond.
Et là, tu te dis « voyons Claire, il y a bien des gens plus égoïstes et d’autres plus altruistes »… Et oui, en effet, on peut se dire cela.
On peut aussi dire qu’ils ont hiérarchie des besoins qui ne nous convient pas, qui ne parle pas avec nos valeurs.
Quand « tu fais le bien aux autres pour faire le bien », tu réponds à ton besoin de participation, de bien être d’autrui, de contribution à la vie, d’accord avec tes valeurs.
Quand tu agis pour ne pas froisser quelqu’un, pour ne pas être rejeté-e, pour ne pas créer un conflit, tu réponds probablement à tes besoins relationnels (très fort, chez l’être humain, encore une fois, archaïquement, on se protège d’être isolé du groupe par peur de notre survie), peut-être aussi à ton besoin d’harmonie et de calme.
Ce que l’on peut discuter, c’est la hiérarchie entre les besoins. Quand on appelle au courage, c’est souvent qu’on place les valeurs et l’interdépendance humaine au dessus d’autres besoins égo-centrés.
Encore une fois, ça me parait logique en tant que société d'avoir comme valeur importante le souci d'autrui. Si on a a besoin archaïquement d’être un groupe pour survivre, il est important d’en appeler à l’importance de faire le bien aux autres pour vivre décemment en société.
Là où ça devient problématique pour moi ?
C’est que je ne crois pas à la posture sacrificielle. Je n’y crois pas comme modèle valide qui nous permettrait de fonctionner individuellement en société.
Si par aspiration noble ou par peur primitive, on étouffe nos autres besoins, ça finit par ne plus fonctionner.
Frustration, colère, lassitude, tristesse vont se mettre à clignoter de plus en plus fort au point de nous empêcher de fonctionner.
On peut réprimer ses émotions, on peut les tempérer avec le plaisir de faire ce qui nous parait bien… Mais on peut difficilement se passer de regarder l’harmonie générale, de réfléchir à tous ses besoins, même ceux qui paraissent moins nobles, plus égo-centrés.
C'est en assumant ces besoins, en réfléchissant vraiment en prenant tout en compte, en s’interrogeant sur ce qui peut être en conflit et quelles réalisations de vie est possible avec tout ça, qu’on peut trouver une vraie harmonie. Harmonie où ne se brûle pas dans un sacrifice qui finit toujours par ne plus être tenable.
Je rappelle qu’il faut pas confondre
besoins (liberté, récréation, accords avec ses valeurs, sommeil, célébration…) avec les réalisations possibles de ces besoins.
On peut essayer de chercher des voies qui embrassent les grandes idées et les petites nécessités. Mais ça commence en considérant tout de manière générale. Tu n’es pas un monstre si tu as l’impression d’avoir des aspirations égoïstes ou même anti-altruisme (dans le deuxième cas, c’est probablement juste un signal d’alarme de besoins trop délaissés).
En changeant de perspective avec ce paradigme-là, on est bien plus à même de trouver des vraies bonnes solutions pour tout le monde.
Pour revenir à « se lancer ? », c’est avec cette perspective que j’ai décidé de l’arrêter.
Dans la balance sur ce que ça m’apporte et ce que ça me coute, ça penchait du mauvais côté. Et oui, c’est dommage pour toutes les personnes qui auraient pu virtuellement avoir besoin de ce programme dans le futur. Mais je sais que c’est en prenant soin de mon harmonie de besoins que je pourrais apporter mieux au monde aussi. C'est en considérant vraiment ce qui me nourrit et ce qui me vide que je pourrais avoir ma cruche pleine pour remplir les verres des autres. Je suis convaincue que c'est le mieux que je puisse faire pour moi mais aussi pour les autres.
Je crois que c'est difficile de faire ce pas en arrière pour vraiment comprendre ce qui se joue en soi et considérer sans préjugé tout ses besoins. D'autant plus difficile que ce n'est pas ce qu'on a pu entendre en société. Mais je crois que c'est clairement salvateur.
Ça te parle ?
Avec amour et bienveillance,