C’était hier.
Alors que je rangeais la chambre de mon fils. Que je faisais son lit, repliais son pyjama. Comme un rituel du matin, alors qu’il n’est plus là et qu’il me manque déjà .
C’était hier et je pensais combien il était précieux d’avoir un enfant.
Et combien il était courant d’en avoir même deux.
Je me repassais le cours de notre histoire de parents et ressentais le poids des années à désirer en avoir un deuxième. Et, tout en même temps, flottait cette confiance profonde que les choses se font toujours comme elles doivent se faire.
Cette foi intense et cette assurance sincère que tout est parfait.
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Je passe du temps Ă parler Ă la Vie.
A Dieu.
A cette âme qui, je l’espère, s’incarnera un jour.
Je passe du temps, depuis maintenant plus de 3 ans à dire « cela n’est pas le bon moment, mais, bientôt, nous nous offrirons à cette possibilité ».
Car, bien que cela n'ait pas toujours été le cas, mon cœur de Maman, mon corps de femme, mon âme d’humaine désirent cela aujourd'hui.
Cependant, ma tête croit encore qu’il ne serait pas raisonnable d’accueillir cette nouvelle Vie.
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Et pourtant, hier, après cette réflexion et cette connexion au cœur, j’avais rendez-vous pour retirer mon stérilet.
Depuis le moment de la prise de rendez-vous, j'étais accompagnée d’une sensation étrange.
Cela était d'abord comme un deuil.
Les émotions se mêlaient en moi.
Je ne comprenais pas.
J’avais comme l’impression d’avoir pris rendez-vous pour un évènement.
Comme si j’avais décidé de ne pas garder un bébé.
Ou comme, si au contraire, j’avais décidé que l’on m’en mette un au cœur de mon ventre.
Un mélange de tristesse, d’appréhension et de très grande joie.
Une sensation si intense que je ne savais pas la décrypter.
Mais quelque chose allait bien avoir lieu.
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Alors j’arrive devant cet immeuble à l’angle de la rue.
Cet immeuble si grand et si beau qu’il représente tout ce que les belles années de Barcelone ont eu à offrir.
L’appartement de ma docteur est immense lui aussi. Lumineux. Le parquet au sol craque sous mes pieds. Les portes qui séparent les espaces sont de bois et de vitres. Il y a son vélo dans l’entrée, de grands placards.
Puis deux fauteuils pour patienter.
Je suis venue en écoutant le replay d’une réunion. J’ai tout coupé.
Comme pour gagner en présence.
Je range mon téléphone, décroise les jambes et observe.
Je ne pense pas tellement Ă ce qui va se passer dans les instants qui devaient suivre.
Juste, j'observe.
Puis elle arrive. Depuis cet espace de l’appartement qui est chez elle.
Ses cheveux gris volent, sa chemise légère et son sourire de chaque jour.
Nous entrons, nous faisons la bise. Elle me parle avec tendresse.
“Je voudrais simplement retirer mon stérilet.”
“Ha oui ? Cela veut dire que tu es disposée à accueillir à nouveau la vie ?”
Me dit-elle. Le sourire au lèvres, la joie qui l’anime.
“Pas vraiment. Un jour peut-être. Juste, je ne souhaite plus avoir cet appareil en mon sein.”
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10 minutes plus tard, c’était fait.
Elle m’avait dit de respirer profondément. J’ai senti cette légère décharge dans mon intérieur. Et au bout de sa pince, il était là !
"Félicitations ! Te voilà une femme libre !"
Les larmes de joie. Je regarde le ciel et me sens si reconnaissante. Je sens cette immense paix, cette émotion profonde « voilà , c’est fait ! ».
J’aurais pu rester là encore longtemps, à observer et à savourer le renouveau.
Cette nouvelle étape de ma vie de femme.
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Comme une longue attente qui offre une si présente joie.
Le tempo était parfait. L’atmosphère était parfaite. Le lieu était parfait.
En ces quelques fractions de secondes, cette femme m’a aidée à ouvrir un nouveau chapitre de Vie.
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Cet outil a été mon compagnon pendant 6 ans. Comme j’en suis reconnaissante. Et comme je suis reconnaissante que mon corps puisse vivre sans lui à présent.
Nous souhaitons un deuxième enfant mais nous savons que nous allons attendre encore un peu.
Nous avons foi et savons combien nous sommes guidés et accompagnés pour que cela se fasse comme cela doit être fait.
Car ainsi, nous apprenons la patience. Celle dont Guilhem me parle tant ces derniers jours.
Dieu nous souhaite patients. Ne croyons pas que les choses arrivent car nous l’avons décidé. Cela n'est jamais le cas.
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Alors à vous tous, qui désirez offrir la Vie, je vous souhaite la patience, l’Amour et la tendresse. Je vous souhaite de ressentir la guidance du Ciel, la douceur éternelle et le soutient indéfectible.
Nous sommes au service de la Vie et notre impatience est un merveilleux signe de désir. Savourons-la avec conscience.
Tendrement,
Safia