Billet littéraire no 132
Philippe Yong
Les yeux clos, Éditions Mémoire d’encrier, Montréal, 2025, 248 p.
Cet auteur, né en France, vit et enseigne la littérature à Montréal. Il a publié un premier roman, “Hors-sol”, qui a été bien reçu par la critique. “Les yeux clos” a comme héros, un journaliste parisien qui a abandonné les reportages pour s’occuper des fils d’antenne dans une grande station de nouvelles. Il vit confortablement avec sa femme, une éditrice issue d’une riche famille bourgeoise.
Alex veut échapper à la routine de sa vie, il se préoccupe des nouvelles technologiques et se lance dans une investigation de la vie des gens qui refusent les avancées technologiques modernes. Son patron accepte de publier ses reportages. Ceux-ci lui feront parcourir l’Amérique. Il choisit comme titre de sa série, “Les yeux clos”, le titre d’une peinture de Odilon Redon qu’il admire beaucoup.
Les sujets de ses enquêtes sont déterminés par des faits divers ou de nouvelles oubliées qu’il veut reprendre pour aller au fond du sujet. Ces gens fuient leur vie pour mieux se redécouvrir et se connaître. Son premier sujet est une femme qui fut retrouvée dans une auto, déshydratée et très faible. Son mari avait suivi un GPS qui les conduit vers des routes mal balisées et ils vont se perdre dans un désert. Elle s’en tire assez bien mais son mari décède; cela change sa vie totalement. Ce reportage connaît un succès énorme et Alex poursuit ses enquêtes.
Il se retrouve dans une communauté de gens qui ont délaissé toute forme de communication électronique et sont dans une forme de désert technologique. Les enquêtes successives sont aussi passionnantes jusqu’à ce qu’un mauvais concours de circonstances mène à une tragédie. Alex Delcourt, habitué au succès et à sa belle réputation, va se lancer dans une ultime enquête avant d’abandonner sa profession.
Tout le long du roman, Alex se réfère à un tableau qu’il a toujours aimé et qui sert de lien entre tous les reportages. Le roman parle de vies brisées et réinventées mêlant l’anxiété et l’espoir à des tragédies et des destins redéssinés derrière les yeux clos. Je vous incite à chercher des images du tableau car cela vaut la peine de le contempler même si vous ne pouvez vous rendre à Paris pour cela.
Bonne lecture! Johanne Berger